La marchandisation du corps des mineurs

Vous l'avez sûrement vu sur les réseaux sociaux, des créatrices de contenus qui mettent en avant des moyens rapides de gagner de l'argent en ligne grâce à son corps: vente de photos de pieds, OnlyFans, Mym... Ces activités présentées comme très lucratives, faciles et anonymes sont devenues attractives pour la jeunesse. La promotion de ces pratiques se fait toujours sans jamais parler des conséquences et des risques et normalise la marchandisation du corps pour les mineurs qui y sont exposés.

La réalité sans les paillettes

Tout d’abord, il est important de conscientiser que ces créatrices de contenu ne postent pas ces vidéos pour vous faire croquer le bon plan. Elles n’ont à priori aucun intérêt à ce que mettiez un pied sur ce marché déjà très compétitif.

Ces vidéos sont tout simplement un moyen de communiquer sur leur activité et de rassembler plus de clients. Business is business: Vous n’êtes pas la première cible de ce genre de vidéos, les fétichistes le sont. OK, mais c’est quoi le problème ? L’argent facile, ça fait rêver, mais ce genre de pratique peut rapidement devenir dangereux pour les mineurs, qui sont déjà les premiers vulnérables face à l’exploitation s3xuelle et aux abus de pouvoir.

Quels sont les risques ?

  1. “C’est juste des photos’’
    Non. La vente de photos de pieds, ce n’est pas “juste prendre des photos et recevoir de l’argent”. On le sait: les fétichistes qui achètent ces photos le font pour assouvir un désir s3xuel. Ce ne sont pas des photos anodines. En quelques clics, les mineurs se retrouvent à négocier les tarifs et à comparer les prix sur le marché. L’achat de contenu fétichiste ou érotique impliquant des mineurs est considéré comme une infraction pénale en France (corruption de mineurs, détention d’images à caractère pédopornographiques).

  2. “T’encaisses beaucoup rapidement et sans efforts”

    La réalité c’est que les fétichistes vont payer plus pour des pieds de filles par qui ils sont attirés physiquement. Pour renta un max, vous devrez montrer votre visage ou votre voix. Au fil du temps, les demandes deviennent rapidement intrusives et potentiellement dangereuses.

    “Toujours plus” Que ce soit sur Mym ou Onlyfans par exemple, il faut attirer une communauté, interagir constamment avec elle, proposer du contenu toujours plus attractif que les autres et gérer son image comme une véritable entreprise.

  3. “T’arrêtes quand tu veux, tu gères ton indépendance”

    Déjà, une fois qu’on a commencé à gagner de l’argent en ligne, et qu’on s’est habitué à toucher certains revenus, c’est difficile d’arrêter. Ensuite, Internet n’oublie rien. Ce que vous postez aujourd’hui sur Internet peut rester accessible des années après. Sur OnlyFans par exemple, après que le client ai payé pour le contenu, il ne vous appartient plus totalement. D’après la BBC, Andy Burrows de l’NSPCC (Société nationale pour la prévention de la cruauté envers les enfants) décrit OnlyFans comme un "cocktail toxique de risques" car la plateforme “mêle culture des influenceurs et comportements s3xualisés chez les jeunes.”

  4. Une charge psychologique

    Gérer les demandes, la pression des acheteurs et le risque de divulgation peut avoir des répercussions graves sur la santé mentale et l’estime de soi. Quand l’attention ou l’argent dépendent de l’apparence ou d’une forme de validation extérieure, cela peut causer de l’anxiété, la perte d’identité, voire la dépression.

Et si ça ne s’arrêtait pas là ?

Les clients et contacts de cet environnement sont souvent liés à l’industrie du sexe, un milieu complexe et risqué. Pour un.e mineur.e, y entrer augmente la vulnérabilité et peut favoriser l’exploitation s3xuelle ou la cyberprostitution, surtout en cas de fragilité économique ou psychologique. Si les plateformes exigent aux utilisatrices et utilisateurs d’avoir plus de 18 ans, il est facile pour un.e mineur.e de fausser ses informations et les prédateurs péd0criminels en sont bien au courant.

La porte ouverte à la prostitution

Créer un compte OnlyFans ou vendre des photos de ses pieds n'entraîne pas nécessairement la pr0st!tution, mais on est vulnérable dans un milieu qui pousse à dépasser progressivement ses limites. Du coup, ça nous semble nécessaire d’alerter rapidement sur la prost!tution des mineurs, un sujet encore tabou en France. La prost!tution infantile, selon l'association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE), c’est jusqu’à 15 000 mineurs i en sont en concernés en France. et parmi ces victimes, une partie ont commencé avec du contenu vendu sur internet (OnlyFans, Mym, vente de photos de pieds). Quand on parle de prostitution des mineurs, on parle de victimes et pas de prostitué.e.s. car le consentement d’un.e mineur.e à se prostituer n’a aucune valeur juridique ni morale. En dessous de 18 ans, même si la majorité sexuelle est atteinte, la loi reconnaît ces jeunes comme des victimes d’exploitation sexuelle.

Des mineurs livrés à eux même

L’Observatoire de violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis a étudié 101 dossiers de mineures suivies par l’Aide sociale à l’enfance de la Seine-Saint-Denis victimes de pr0st!tution. Dans l’ensemble des profils, la pr0st!tution des enfants commençait entre 11 et 17 ans.

Sur ces 101 dossiers: 99 % avaient déjà subi des violences avant la pr0st!tution majoritairement des viols et des violences sexuelles. 96 % ont connu plusieurs placements en foyer ou en famille d’accueil. 9 sur 10 souffrent de graves troubles de santé mentale et physique (tentatives de suic!de, toxicomanie, troubles alimentaires). 9 sur 10 sont exploitées par des proxénètes qui utilisent les réseaux sociaux pour recruter. Certaines reçoivent 900 messages par jour de clients.

Savoir repérer les signes inquiétants

Le point commun entre toutes les victimes c’est l’accumulation de vulnérabilité.

  • Violences sexistes et s3xuelles dès l’enfance

  • Harcèlement scolaire

  • Violences familiales

  • Absence d’estime de soi

Ce phénomène touche toutes les classes sociales, pas seulement les plus précaires. Souvent, ce n’est pas l’argent qui les motive, mais l’illusion de l’affection. Fugues répétées (même en journée!)

  • Hyperconnexion aux réseaux sociaux ou une tendance à cacher ce qu’il fait en ligne

  • Nouvelles amitiés fusionnelles suspectes

  • Changement de comportement

  • Nouveaux cadeaux ou argent non-expliqué

Il faut rapidement:

  • Contacter les autorités

  • Accompagner sans juger : un discours moralisateur pousse les jeunes à se fermer.

  • Leur offrir un cadre de confiance pour en parler

    Restaurer leur estime : leur proposer des alternatives, les aider à se reconstruire.

Des ressources essentielles:

Pour signaler des contenus à caractère s3xuel impliquant des mineurs il faut aller sur pharos : www.internet-signalement.gouv.fr Pour témoigner et/ou chercher des solutions: 119 (ALLÔ ENFANCE EN DANGER) et/ou E-ENFANCE : WWW.E-ENFANCE.ORG

Mieux comprendre pour protéger:

-Regarder documentaire “Comme si j’étais morte” sur France TV

-Écouter le podcast “À l’écoute” du 119

-Voir le film “Comme des reines” de Marion Vernoux

-Lire le rapport de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis

La marchandisation du corps des mineurs sur les réseaux sociaux est une réalité alarmante qui peut mener à des situations de pr0st!tution et de violences. La protection des mineurs ne peut se faire qu’ensemble : éducation, surveillance et soutien sont les clés pour prévenir ces dérives.

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