Les dangers du masculinisme et du contenu “red pill”
Quels sont les effets de la manosphère sur les jeunes ?
Ces dernières années, des figures comme Andrew Tate ou Alex Hitchens gagnent en popularité sur les réseaux sociaux en normalisant un discours dangereux : celui du masculinisme.
C’est quoi le masculinisme ?
C’est l’idéologie qui prétend que les hommes subissent une "domination féminine" dans la société. Même si ces hommes sont hétéosexuels, ils n’aiment pas les femmes, ils les méprisent.
Le contenu “red pill”
Les théories red pill défendent une "vérité cachée" sur la société, où les hommes seraient opprimés par un système féministe. C’est le type de contenu que consommait le personnage de Jamie dans Adolescence. On en parle moins mais il existe aussi le groupe féminin "Red Pill Women", qui fait la promo de la soumission totale aux attentes masculines
La manosphère : un écosystème en ligne radicalisé
La manosphère, c’est l’ensemble de communautés en ligne (forums, réseaux sociaux, podcasts) où se regroupent les branches masculinistes.
Chaque sous-groupe a un nom comme:
Men's Rights Activists (MRA) : revendiquent des droits pour les hommes et harcèlent les féministes.
Incels (célibataires involontaires) : haïssent les femmes qu'ils blâment pour leur solitude
Pick-Up Artists (PUA) : donnent des techniques de séduction manipulatrices ou irrespectueuses.
MGTOW (Men Going Their Own Way) : prônent l'évitement total des relations avec les femmes
Quels en sont les dangers ?
En 2014, Elliot Rodger, un jeune homme de 22 ans, tue six personnes en Californie avant de se suicider. Dans une vidéo publiée avant l’attaque, il exprime sa haine envers les femmes et les hommes « plus désirables que lui ». Aujourd’hui, dans la culture incel, il est erigé comme une figure idolâtrée, un martyre. Il n'était pas "fou" et cette tuerie n’est pas un fait divers, c’est le résultat d'une idéologie meurtrière. C’est un rappel que le sexisme n’est pas qu’un problème culturel : c’est un danger réel : on peut vous tuer parce que vous êtes une femme.
1. Renforcement de la masculinité toxique
Si le passage à l’acte reste rare, ces idéologies ont quand même un impact sur le quotidien des jeunes qui y adhèrent. Rejet des émotions, domination, agressivité... Tout cela peut entraîner de l’isolement social, de la dépression et des comportements violents et sexistes.
Dans Adolescence, Jamie a intériorisé qu'un "vrai homme" n'est pas émotionnel, il contrôle et domine. La sensibilité doit être cachée par la violence et le pouvoir.
2. Normalisation des violences sexistes et sexuelles
Dans le docu’ “Mascus” de France TV, un journaliste s’infiltre dans un groupe d’une formation mascus et tombe sur des participants qui partagent leurs astuces pour forcer des relations sexuelles avec des femmes.
3. De la “red pill” à la “black pill”
La Black Pill, c’est une version encore plus extrême de la Red Pill. Selon elle, si des hommes sont rejetés socialement ou sexuellement, ils n’y peuvent rien : c’est à cause de leur génétique. Selon eux, les hommes se divisent en deux catégories :
Avec la “black pill”, une des réponses à cette injustice, c’est de passer à l’acte, se venger ou provoquer une « révolte incel » (comme l’a fait Eliott Rodger dont on parlait juste avant).
Le masculinisme n’est pas un simple mouvement passager. C’est l’héritier d’une longue histoire de domination de la femme et de résistances aux luttes féministes.
Ce ne sont pas des tragédies isolées, mais les signes récurrents d’un système défaillant et violent qui s’aggrave au fil du temps.
4. Un lien étroit avec l’extrême droite
Les idéologies antiféministes, nationalistes et conspirationnistes c’est la DA de...🥁🥁 l’extrême droite ! On rappelle que les idéaux d’extrême droite ne se résument pas au racisme. La manopshère utilise aussi les mêmes stratégies de radicalisation que les fascistes en exploitant les émotions (colère, frustration) et en diffusant des discours haineux. Certaines de ces idées sont même soutenues politiquement et financièrement par des gouvernements conservateurs, ce qui renforce leur influence. Par exemple, trump et son entourage incarnent des figures d’hommes puissants opposés au progressisme. Quand Andrew Tate est poursuivi pour traite de mineurs et viol en Roumanie, Trump engage des procédures diplomatiques pour l’extrader aux USA juste avant son procès.
Pourquoi ça marche autant ?
La détérioration de la santé mentale des jeunes et le sentiment d’isolement, notamment depuis les multiples confinements ont eu un fort impact sur leur estime et confiance en eux, mais aussi leur rapport avec les autres. On peut aussi trouver d’autres raisons comme :
Des algorithmes qui polarisent
Les réseaux sociaux recommandent facilement ces contenus. Une fois qu’on like une ou deux vidéos, on est sûr d’en retrouver massivement dans son feed !
De moins en moins de tiers-lieux
La fermeture des espaces communautaires (clubs sportifs, centres jeunesse par exemple) peut pousser les adolescents à se renfermer sur eux même et vers ces communautés en ligne toxiques.
Avant de tomber dans les idées extrémistes, le contenu Red Pill attire les jeunes en jouant sur des clichés sexistes communs : “Les femmes aiment l’argent”, “Les femmes sont des profiteuses”, “Elles sont superficielles”
Alors, on fait quoi ?
Ces contenus sont alarmants mais il ne faut pas tomber dans la panique et hypersurveiller nos jeunes. Il est aussi important de remettre en question notre comportement. Comment contrer ces mouvements ?
Sensibiliser et éduquer
Soutenir les assos et organisations féministes
Demander une meilleure régulation des plateformes
Demander un renforcement des conséquences juridiques et pénales auprès des institutions
Être un proche de confiance
Notre premier moyen d’agir est d’agir à notre échelle auprès de notre entourage. Le réseaux sociaux ne sont pas les seuls fautifs, c’est surtout leur mal-être et leur besoin d’appartenance. Leur dire d’ “arrêter TikTok” n’est pas la solution. Soyons des proches de confiance qui les écoutent sans jugement et les encouragent vers des solutions saines.
Un jeune qui se sent soutenu, aimé et valorisé est moins vulnérable aux discours violents ou manipulateurs.
Le masculinisme séduit parce qu’il répond à un vide et un mal-être. C’est l’exploitation d’un héritage misogyne encore ancré qui peut mener à des actes extrêmes. Pour y faire face, il ne suffit pas de censurer, il faut éduquer, soutenir les lieux d’échange et valoriser d’autres modèles de masculinité.